On n’est pas content, à EDF. Ces jours-ci, la météo est trop clémente. La faute au réchauffement climatique ? Il y a trop de journées ensoleillées. Les panneaux solaires fournissent trop d’électricité.
C’est, remarque Le Figaro (18/10), « dramatique pour EDF ». En effet, « les prix de l’électricité dégringolent, jusqu’à être négatifs certains jours particulièrement ensoleillés ».
Des prix négatifs, quésaco ? Le marché de l’électricité, c’est très compliqué. Il faut vendre un bien dont la production fluctue à chaque instant. Or certains producteurs d’énergie solaire et éolienne ont signé avec EDF des contrats avec obligation d’achat. Quand le soleil brille, voilà EDF obligé d’acheter de l’électricité dont il ne sait que faire ! Et de calmer ses réacteurs nucléaires, qui fournissent imperturbablement et en continu des quantités astronomiques d’électricité.
Et, ce qui est pire, ajoute Le Figaro, c’est que « la demande d’électricité n’augmente pas (encore) en France ». Pas assez de bagnoles électriques. Pas encore assez de centres de données (« data centers », dit-on couramment) pour l’IA, laquelle – chouette ! – avalera goulûment des quantités astronomiques d’électricité. Et, pendant ce temps-là, le soleil et le vent fournissent toujours plus d’électricité pas chère. En tout cas, moins chère que celle du nucléaire !
Ça tombe mal. Déjà affreusement endetté, EDF a commencé à dépenser des sommes folles pour les six EPR promis par Macron : rien que pour les plans et la conception, 3 milliards sur les 100 milliards prévus ! Colossal ! Et il faut aussi rafistoler les vieux réacteurs nucléaires pour qu’ils tiennent dix ans de plus que prévu : 50 milliards en plus !
Le nouveau pédégé d’EDF a trouvé la solution. À mots couverts, il vient d’annoncer qu’EDF, qui a investi dans les renouvelables en France, mais aussi en Italie et aux États-Unis, allait sans doute lever le pied sur le solaire et l’éolien. Se désengager de ses activités renouvelables et revendre ses actifs. Pour, enfin, tout miser sur le tout-nucléaire. Bravo !
À bas le soleil !
J.-L. P.
Le Canard enchaîné
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